Ravie d’y trouver de la nourriture en suffisance, la population de renards s’accroît dans la capitale.
Nuisances sonores, fouilles et éventrement de poubelles, dégradations multiples : dans certains quartiers bruxellois, les renards font la loi, au détriment des riverains. « Ils font leur terrier dans les jardins, détruisent les plantations et font peur à nos animaux de compagnie. Un voisin avait des poules, elles ont toutes été déchiquetées. C’est un fléau », déplore un habitant de Woluwe-Saint-Lambert.
« On m’a rapporté des cas où à cause d’une surpopulation dans un bloc d’habitation, ils rentrent dans les maisons, urinent sur les paillassons, détruisent les jeux de jardin des enfants », ajoute Jonathan de Patoul (Défi). Face à la récurrence de ces plaintes, le député bruxellois a questionné Alain Maron (Ecolo) sur le suivi de la population de renards dans la capitale. Selon les derniers chiffres, datant de 2017, l’animal serait présent sur 82 % du territoire, a indiqué le ministre de l’Environnement.
Principalement concentrés dans le sud-est de la Région, les renards semblent de plus en plus à l’aise à Bruxelles, ravis d’y trouver de la nourriture en suffisance. « En milieu rural, les renards mangent 4 % de déchets. En ville, ils en mangent 28 %, précise Gregory Matgen (Défi), échevin de l’Environnement à Woluwe-Saint-Lambert. Le problème est double : tout le monde n’utilise pas de poubelles en dur et certains citoyens nourrissent les renards, ce qu’il ne faut absolument pas faire. »© D.R.
A Woluwe, les riverains sont particulièrement touchés par cette problématique. « Une fois, j’en ai retrouvé cinq assis dans mon jardin ! J’ai dépensé 200 euros dans des appareils lumineux et d’ultrasons destinés à les décourager. Ca a fonctionné un moment mais ils ont fini par s’y habituer et à ne plus y faire attention, confie Christiane, dépitée. On demande aux voisins d’entretenir leur jardin pour que les renard n’y installent pas leur terrier. Et on sort les poubelles le plus tard possible. Evidemment quand il y a grève, ils sont contents. »
Si le ministre a rappelé en commission qu’il existe une sensibilisation sur le site Internet de Bruxelles Environnement ainsi qu’une collaboration avec les communes, certains riverains déplorent l’inaction des autorités, aussi bien locales que régionales. « J’ai habité en Allemagne. Là, les autorités replaçaient les renards dans leur milieu naturel, où ils doivent être. Ici, ça fait des années qu’on dénonce la situation mais rien ne bouge. »
« Le renard peut être un allié des villes, notamment parce qu’il peut réguler la population de rongeurs. Mais pour permettre une cohabitation efficace avec lui, il est nécessaire d’endiguer sa prolifération en sensibilisant la population contre le nourrissage artificiel. La collaboration entre la Région et les communes devrait pour cela être accentuée », conclut Jonathan de Patoul.