WOLUWE-SAINT-LAMBERT « De l’agriculture urbaine à la Ferme aux Oies plutôt qu’une école privée »

La Ferme aux Oies, située à Woluwe-Saint-Lambert, offre un paysage remarquable et constitue un habitat particulièrement précieux pour la biodiversité. Ce site privé, visible depuis l’avenue de la Croix du Sud, forme un coteau descendant en pente douce jusqu’à un îlot de verdure. Cet espace vert est situé en grande partie en intérieur d’îlot. Il est toutefois menacé de disparition en raison des prétentions immobilières qui pèsent sur lui.Il s’agit pourtant d’un site rare à Bruxelles. Il accueille une ferme typiquement urbaine (datant d’entre 1880 et 1894), un fournil et un verger. Cet ensemble constitue un vestige du passé agraire des communes de la deuxième couronne de la Région de Bruxelles-Capitale. Il joue un rôle important à la fois pour le maillage vert, grâce à sa proximité avec le parc classé de Roodebeek et avec la promenade verte régionale, et pour le maillage bleu étant donné sa situation au sein de la vallée du Roodebeek.  Son imperméabilisation serait donc préjudiciable pour la lutte contre les inondations.

La réalisation de tout projet urbanistique sur ce site viendrait détruire l’intérêt paysager, environnemental et patrimonial de ce site. Ce qui inquiète fortement les riverains, les comités de quartier et la commune, comme l’expliquent Grégory Matgen et Jonathan de Patoul ce lundi 29 mars dans la DH.

La commune et les riverains unis pour protéger ce site

Une pétition lancée par l’asbl Wolu-Interquartiers (association qui fédère les comités de quartier de l’ensemble de la commune) a déjà récolté près de 3000 signatures pour défendre la préservation de ce reliquat du passé agraire de la commune.

L’ASBL Wolu-Inter-Quartiers soutient la démarche de la commune dans sa lutte pour préserver cette propriété privée d’environ 60 ares. Une demande de classement a notamment été introduite par la commune auprès du gouvernement régional bruxellois.

Gregory Matgen, échevin de l’Environnement à Woluwe-Saint-Lambert, comprend et partage les inquiétudes des habitants. Dans le cadre de la demande de classement introduite par la commune, la commission royale des Monuments et des Sites, bien que considérant que la valeur patrimoniale du site n’était pas suffisante pour justifier un classement, a appuyé la démarche de la commune visant à préserver ce site. La Commission royale des monuments et des sites invite, en effet, les autorités publiques à conserver ce lieu en recourant à des instruments juridiques visant à conserver et à valoriser ce site qu’elle qualifie de « verdoyant, qui assure une belle aération dans la densification progressive de ces quartiers et offre un potentiel naturel et biologique, surtout à l’heure où Bruxelles – tel que souligné dans le plan régional nature 2016-2020 – est en recherche de terres maraîchères visant au développement de l’agriculture urbaine ».

Et le bourgmestre, Olivier Maingain, de préciser : « Dès lors que la Région achèterait ce terrain, la commune se dit toute disposée à l’entretenir et à l’exploiter avec le concours des riverains et des comités de quartier particulièrement actifs. Il y a une opportunité de mener un très beau projet de partenariat pour développer une exploitation maraîchère bénéficiant aux écoles, crèches et autres partenaires proches. Bref, un circuit court exemplaire. »

DéFI porte la question au Parlement bruxellois

Jonathan de Patoul, député DéFI, a interpellé le ministre de l’Environnement, Alain Maron, à ce sujet. En effet, il semble aberrant de vouloir nuire à un site classé au niveau 8 sur 9 par Bruxelles Environnement en termes d’intérêt biologique. A la lecture du Plan régional nature, Jonathan de Patoul soulève qu’il y est fait mention de l’importance des rares milieux ouverts, comme la Ferme aux Oies, à l’échelle régionale. Le plan régional Nature insiste, en effet, sur le fait que « Le maintien des milieux ouverts représente un enjeu non négligeable pour la Région. Des prairies fleuries entourées de petits éléments paysagers constituent l’habitat de nombreuses espèces animales et végétales remarquables, en forte régression au cours des dernières années ».

Jonathan de Patoul et Gregory Matgen s’inquiètent : « Un projet urbanistique de plusieurs constructions est pourtant sur la table, qui plus est pour construire une école privée en intérieur d’îlots, ce qui va à l’encontre des objectifs fixés par la Région dans son plan nature et son plan de développement durable ».

Le député,Jonathan de Patoul a interpellé mercredi dernier le Ministre régional de l’environnement par rapport à l’illogisme de ce projet au vu des objectifs du plan régional de développement durable de 2018 qui entend préserver et améliorer le cadre de vie des habitants de la Région au travers de la conservation du maillage écologique de la biodiversité.

Quel est le choix privilégié par le Ministre ?

Le ministre régional de l’Environnement soutient-il une urbanisation du site de la Fermes aux Oies jusqu’en intérieur d’îlot ? Jonathan de Patoul et Gregory Matgen proposent au Ministre un autre avenir au site de la Ferme aux Oies. Ils demandent au Ministre régional de l’environnement de convaincre le gouvernement régional bruxellois d’en faire l’acquisition afin de « développer un projet multifonctionnel d’agriculture urbaine qui serait bien plus bénéfique pour le cadre de vie des habitants de la commune et l’environnement. Outre l’aspect de petites productions agricoles sur le site de cette ancienne ferme, des projets de quartier et de cohésion sociale pourraient voir le jour tout comme de la sensibilisation à l’écologie pour tous les enfants des nombreuses écoles avoisinantes ou encore des projets de protection de la biodiversité…».

Le site demeure en danger

Il est logique que la Région assume la charge financière liée à l’acquisition de ce site et à la gestion de ce site puisque que la mise en péril du site est due notamment à l’absence d’arrêtés d’exécution visant à protéger ce site conformément à l’article 66, §1er, de l’ordonnance relative à la conservation de la nature du 1er mars 2012. Cet article qui prévoit que : « Le Gouvernement peut adopter des arrêtés particuliers de protection et des mesures d’encouragement, y compris des subventions, pour le maintien, la gestion et le développement des biotopes urbains ainsi que des éléments du paysage qui, (…) sont essentiels à la migration, à la distribution géographique et à l’échange génétique d’espèces sauvages et en conséquence revêtent une importance majeure pour la faune et la flore sauvages et améliorent la cohérence écologique du réseau Natura 2000 et du réseau écologique bruxellois. »

La demande formulée par Jonathan de Patoul et Gregory Matgen au ministre  n’est d’ailleurs pas surprenante puisque la déclaration de politique générale régionale couvrant la législature 2019-2024 prévoit explicitement que le gouvernement régional bruxellois « s’engage à poursuivre sa politique d’achats de terrain ou de conclusion de baux emphytéotiques afin de relier les différentes étendues vertes ou bleues et améliorer ainsi leurs maillages respectifs, et, conformément au plan régional de développement durable, à préserver des sites de haute valeur biologique qui concourent spécifiquement au maillage vert et à offrir un cadre à l’agriculture urbaine ».

Article sur le site DéFI